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Curieuses cités

16 mai 2009

Tyrannie de l'auteur...

Dans son Histoire de la folie à l'âge classique, Michel Foucault tient le propos suivant:

" [...] la Préface, acte premier par lequel commence à s'établir la monarchie de l'auteur, déclaration de tyrannie: mon intention doit être votre précepte; vous plierez votre lecture, vos analyses, vos critiques, à ce que j'ai voulu faire, entendez bien ma modestie: quand je parle des limites de mon entreprise, j'entends borner votre liberté; et si je proclame mon sentiment d'avoir été inégal à ma tâche, c'est que je ne veux pas vous laisser le privilège d'objecter à mon livre le fantasme d'un autre, tout proche de lui, mais plus beau que ce qu'il est. Je suis le monarque des choses que j'ai dites et je garde sur elles une éminente souveraineté: celle de mon intention et du sens que j'ai voulu leur donner."

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15 mai 2009

Message public à une aubépine.

Bien poussiéreux ce blog...et bien oui, je n'y pas pointé le nez depuis plus d'un mois. Pour de très bonnes raisons. Je précise au cas où certains en douteraient. Sans vouloir faire de sentimentalisme, je ne crois pas que ma prose ait trop manqué à qui que ce soit, mais quand même il y a deux ou trois personnes qui semblent s'accrocher à ces pages...Enfin, non. Pour être tout à fait exacte, je devrais dire: une personne qui me pique vraiment pour que je m'accroche un peu plus.
Aubepine__afleurdepau_Le souci d'exactitude, c'est justement ce qui a déclenché mon courroux ce jour (j'insiste). Comme quoi, je suis réactive quand je peux. Voilà qu'on vient soi-disant "critiquer" mon post sur le film Welcome. J'entends bien que je n'ai pas écrit le billet qu'on attendait. Bah oui: oser poser un regard principalement formel sur un film si social et politique, qu'avais-je fait, malheureuse que je suis! En plus, j'avais commis la faute aggravante d'utiliser des mots de trois syllabes, poussant le vice jusqu'à en juxtaposer plusieurs à la suite dans une même phrase. C'est les détracteurs de Proust qui doivent se retourner dans leur tombe! Cela dit, je n'ai pas la prétention de rivaliser avec le maître, ni même avec aucun écrivain. Juste celle de puiser dans la langue française les meilleurs moyens de m'exprimer. Une exigence plus qu'une prétention, en somme.
A quoi pensais-je donc le jour où j'intitulai "Le rôle de sa vie" ma brève sur Welcome? La première chose que me traversa l'esprit fut que je ne voyais pas l'intérêt d'écrire un brulôt sur le traitement des sans-papiers. J'en ai parlé, un peu, à la mesure de mes connaissances sur le sujet. Par ailleurs, je ne vois pas l'intérêt de se cantonner à la récupération politique de films qui le sont déjà de manière évidente. Cela revient à réduire les films à des illustrations, qui pourraient être égales par ailleurs.
Ce qui m'a plutôt intéressée, et me semblait plus à ma portée, était plutôt de dire en quoi ce film m'avait touchée. Parce que dire seulement "c'est bien," "c'est nul", "c'est super", "c'est chiant": il n'y finalement rien de plus abstrait. Verbaliser une émotion est-elle chose aisée, je l'ignore. Quoiqu'il en soit, j'ai essayé de trouver les mots les plus justes pour exprimer ce qui m'avait émue. Visiblement, mes émotions sont trop intellectualisantes. Primo, je me palluche. Deuxio, j'emploie des mots trop compliqués.
La seule réponse que je puisse donner à ces critiques. Primo, le ressenti d'une émotion est une expérience intrinsèquement personnelle. Deuxio, le dictionnaire est accessible à tous, que les gens refusent de l'ouvrir n'est pas mon problème. Je veux bien les aider (comme ça par exemple). Mais je m'insurge vigoureusement contre le nivellement par le bas, et d'autant plus lorsqu'il s'agit d'exprimer d'une expérience intime.
Je plaide donc coupable de masturbation émotionnelle par voie verbale. En somme, je persiste et signe. J'invite mes détracteurs, actuels et futurs, à méditer la phrase suivante (trop souvent tronquée dans les manuels scolaires): "Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement. Alors si tu ne vois pas ce que je veux dire, enlève tes boules quies et rince tes carreaux."

5 avril 2009

Plaisirs du dimanche...

Rien de tel qu'un petit dimanche pour faire passer toutes les humeurs, vilaines ou mélancoliques...Après une bonne nuit de sommeil (qu'aurait préconisé ma grand-mère vu mon état d'hier), une bonne matinée de lecture et un roman achevé, une comédie italienne, quelques petits achats indispensables pour fêter le début du printemps et SURTOUT les tableaux chantant engagés de la Compagnie Jolie Môme. Bien sûr, il y a le plaisir de voir que mon plus fidèle lecteur passe toujours sur cette page, jamais avare de commentaires virulents. En quelques mots: un dimanche extatique...

De retour au bercail, je branche mon poste et fait ronfler les enceintes au son d'un des disques qui m'aura accompagnée toute cette année. T.I.A: There is no Alternative. Plus facile à dire qu'à faire, me diront les sceptiques. Et bien, je que ces mal dégrossis la boucle un peu et fonce ICI. Les autres aussi d'ailleurs, car il y a beaucoup à entendre et à capter dans les textes livrés par le Bazarsonik. Quand j'ai acheté l'opus à Bazarboy, je voulais sutout soutenir un projet autoproduit. Le BBoy m'avait glissé qu' "une deuxième écoute était souvent fructueuse". Pour être tout à fait franche, ce fut mon cas. Et maintenant, je suis convaincue par le projet.

Les sons sont écclectiques. Inutiles de vouloir ranger le Bazarsonik dans une petite case, car on y trouvera des guitares hurlantes autant que des sonorités électro plus aquatiques. On pourrait simplement dire que le groupe porte bien son nom. La liste des "remerciements spirituels"  qui figure dans le CD peut paraître pompeuse au premier abord. Elle prend toute sa densité quand on se laisse porter par les textes scandés par Soliloste. Un flow dont on sent quelques influences hip-hop ça et là, mais qu'il serait réducteur de qualifier seulement ainsi. Il se passe quelque chose de fort dans sa rencontre avec des différents essais musicaux qui se succèdent dans l'album.

Bref, je ne parlerai pas beaucoup plus de ce qu'il convient définitivement d'écouter avec intérêt et attention. Mais avant de conclure, je veux juste préciser que jeudi prochain le Bazarsonik verra aboutir un sacré projet mené tambour battant depuis quelques mois déjà. Le 9 avril, donc, seront réunis à la Bellevilloise autour du Bazar: Dam Barnum, Lapins spuerstars, No one is innocent, Rodolphe Burger et Albert Jacquart et RESF. Parce qu'ON N'A PAS BOURRE LES CHARTERS ENSEMBLE!!! Concert de soutien aux sans-papiers.
1°Parce qu'en avoir ça peut servir, mais que des fois on ne peut vraiment pas faire autrement. 2° Parce que c'est pas une raison pour traiter les gens pire que des chiens (d'autant plus pour remplir des quotas à la con) 3° Parce qu'il faudrait ouvrir les yeux sur cette société où, bizarrement, plus on fait un boulot merdique, moins on peut revendiquer ses ancêtres gaulois et la langue de Molière. 4° Parce que il y a une alternative, justement...
Pour ma part, je vous donne rendez-vous jeudi et je remercie le Bazar...

4 avril 2009

Soirée de merde

Après un long silence, un peu plus de quinze jours, je reprends un service minimum sur le blog. Je suis bien sûr ravie de me faire huer par le bassiste énervé du Bazarsonik. Et c'est d'ailleurs par la découverte de son judicieux conseil que ma folle soirée d'hier commença. J'étais en train d'écrire une réponse pimentée lorsque ma sonnette retentit et que deux joyeux compères entamèrent avec moi un apéro trop bien arrosé pour finir sérieusement. Et oui, à l'heure qu'il est, cela fait plus de 24 heures que je n'ai pas dormi; et après la soirée relativement merdique que j'ai passée hier, autant dire clairement que je suis d'une humeur de CHIOTTE.

15 mars 2009

Le rôle de sa vie.

Après un long silence, je reprends un peu de service sur le blog car j'ai peu de temps pour écrire en ce moment. C'est du film de Philippe Lioret, Welcome, dont j'aimerai vous parler. Il y aurait fort à dire sur la triste réalité qu'il décrit, puisqu'il se passe dans le Nord, pas celui des chtis mais celui des clandestins, des camps de rétention. Pas très gai, comme je vous le disais, mais d'une actualité plus que criante à l'heure où Besson, Eric pas Luc, offre des papiers aux sportifs hors pair qui viendront accroître le nombre de médailles françaises aux prochains JO, certainement. Triste France. Liberté, égalité, fraternité ont les ailes bien plombées, semble-t-il.

Moribondes, elles ne sont cependant pas tout à fait mortes et enterrées, comme en témoigne ce docu-fiction brillamment porté par Vincent Lindon. Il incarne Simon, ex-champion de natation désormais maître nageur à Calais et en instance de divorce avec Marion, bénévole dans une association d'aide aux réfugiés. L'intrigue se nous dans un supermarché dont deux clandestins se voient refuser l'accès. Comme dirait un voisin bien intentionné: "ils ne se lavent pas, ils ont la gale et seraient même un peu pédés sur les bords." Ou comme dirait le juge autrement: "c'est pas parce qu'il y a la guerre chez vous qu'il faut venir ici". Ah bon?

Et effectivement, c'est bien traverser la Manche qu'ils sont là. Bilal, notamment, qui  est sorti d'Afghanistan accroché sous un train, a parcouru 4000 bornes à pieds pour aller rejoindre la douce et belle Mina, après s'être fait torturé par la police turque. Ce n'est certainement pas les autorités françaises qui rattraperont le coup, car c'est à coup de gaz lacrimogènes et de matraques qu'elle force les soupes populaires à plier bagages et les réfugiés à retourner se cacher dans leurs bidonvilles.

Après une première tentative malheureuse, Bilal décide qu'il traversera la Manche à la nage.  Son inscription à la piscine pour apprendre à nager le crawl en vue d'une  épreuve de plus de dix heures dans des eaux froides et dangereuses le font croiser la route de Simon. Pour ce dernier, c'est le début de la transformation. Prêt à tout pour récupérer Marion, il décide d'abord d'héberger Bilal et son ami que Marion croisera chez lui le lendemain matin. Sidérée par son inconscience elle le met en garde, mais la machine est lancée. La première convocation au poste intervient aussitôt.

Bilal reste assidu à ses cours de natation; la ténacité du champion l'anime. Simon reprend pieds dans son trouble sentimental. La funeste lâcheté de l'ancien amoureux (é)perdu cède la place au tragique entêtement d'un homme d'action. On a souvent vu Vincent Lindon dans ce rôle d'ex désorienté. Peu l'incarnent aussi souvent ,et par conséquent bien, que lui dans le cinéma français. Ces bases, solidement ancrées dans notre inconscient spectatoriel, constituent un véritable ferment pour l'interprétation qu'il donne ici; car au-delà du personnage, c'est finalement l'homme qu'on trouve. Enfin... Merci Lioret. Non seulement l'homme, mais l'humain. Puisque Simon apprend à connaître Bilal et l'aide sincèrement.

Il me semblerait abusif de parler ici d'amitié entre les deux hommes. Leur attachement est autrement plus complexe. Pour Bilal, Simon est celui qui l'aide mais qu'il ne veut pas mettre en danger. Il reste donc dans son ombre. Si leurs rapports sont originellement déséquilibrés du fait de leur environnement politique  (le français / le clandestin), ils sont plus nuancés d'un point de vue affectif. Autrement dit: une fois les frontières effacées. Car Bilal est l'écran des projections de Simon. Il l'admire, d'une manière à peine avouée ,d'oser rattraper celle qu'il aime, ce en quoi lui-même a échoué avec Marion huit mois auparavant. C'est Bilal aussi qui arrivera à moins de 800 mètres des côtes britanniques, alors que le champion Simon n'a pas couru les JO de 1984 pour d'obscures raisons.

Dans le film, un objet signifie largement cet effet de double: la combinaison de plongée. Elle représente en effet une peau de gagnant, à revêtir. Ce que fera Bilal, deux fois, et Simon, plus. La combinaison participe aussi du système de circulation bâti autour des objets: Simon la fournit à Bilal, il ne la récupèrera pas. Par contre, après la noyade du jeune homme: une bague de Marion, qu'il lui avait offerte pour Mina, et sa médaille d'or, volée par le compagnon de Bilal, lui seront restitués. Dans de petits sachets de plastique, de la même manière qu'a été renvoyé le cadavre de Bilal par les autorités britanniques.

welcome_hautLe sac, de plastique notamment, revient sous diverses déclinaisons pour rythmer l'épopée du jeune Afghan. Instrument de torture traumatique en Turquie, où Bilal dit avoir passé huit jours la tête dans un sac. Masque suffoquant pour retenir le CO² dans le camion du passeur lors des contrôles douaniers. Objet de transport de la combinaison que lui remettra Simon. Et linceul finalement.

Seule la médaille restera, puisque Simon rendra la bague perdue à Marion sans avoir pu l'offrir à Mina. La médaille matérialise autant qu'elle cristallise la fin des rêves. Les anciens espoirs de Simon, la terre promise et l'amour de Bilal. Les choses ont pris une nouvelle place. Elles chapitrent un itinéraire personnel, seuls restes après la disparition des corps: de Bilal dans le cercueil, puis de Simon lors du fondu au noir final.

Imperceptiblement esthétisée au sein d'une intrigue des plus sombres, la dissolution du charnel vient signaler la survivance de valeurs transcendantes. La liberté d'agir selon sa propre humanité au-delà de lois inappropriées. L'égalité de tous dans le ressenti amoureux. La fraternité comme moteur de l'existence. Simon-Lindon les porte jusqu'à l'épuisement de toutes les possibilités de l'incarnation physique. C'est bien en cela qu'on ne peut que saluer la mise en scène Philippe Lioret, au-delà de sa  courage et pertinente dénonciation de notre politique actuelle.

En effet, montrer pour dénoncer est un premier acte nécessaire. Mais dépasser la monstration pour dégager l'horizon positif (et non pas optimiste) derrière le scandale est une gageure. C'est le tremplin offert  à la société des spectateurs par l'engagement intime d'un artiste dans son monde.

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1 mars 2009

Recommandation

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Il y a des films qu'il faut absolument aller voir.
Ce n'est pas Jean-Claude Vandame qui vous le dit, c'est moi.

27 février 2009

La France et ses étrangers, un contrepoint historique

Des aléas bibliographiques m'ont conduite aujourd'hui à la découverte d'une courte brochure intitulée : Les étudiants étrangers et la culture française. Le texte date de 1919. On le doit à Alfred Croiset, qui l'exposa le 8 mai de cette même année à la Section France-Canada du Comité France-Amérique. L'objectif est de promouvoir une réforme des facultés de Lettres françaises, en vue de mieux y incorporer les étudiants étrangers. Si elle représente un réaménagement du système universitaire tout aussi profitable à ces derniers qu'aux "français de France", sa portée est éminemment politique car elle doit contribuer à la pacification des relations internationales.

En effet, l'immédiat après-Première guerre mondiale voit l'épanouissement de mouvements pacifistes, qui prônent l'amité entre les peuples. Albert Kahn constitue l'un des exemples patents de cette mouvance, à laquelle son appartenance se décline aussi bien sous des formes intellectuelles que matérielles. Convaincu que l'entente internationale résultera d'une meilleure connaissance des peuples entre eux, Albert Kahn impulse différents projets en vue d'y contribuer. Sa fortune de banquier lui permet de les financer.

Albert Kahn crée d'abord les Bourses autour du monde qui lui permettent de subventionner le voyage de jeunes universitaires, hommes et femmes dès le début du XXe siècle. Il s'agit d'offrir aux futures élites les moyens de gouverner en bonne intelligence, celle-ci se fondant sur une expérience prolongée hors de France pour s'imprégner de la diversités des civilisations du monde. Au début des années 1910, Les Archives de la planète permettent d'envoyer des opérateurs autour du monde pour filmer et photographier le quotidien des autochtones. Ces films se distinguent de ceux des opérateurs Lumière par leur absence de mise en scène; le parti-pris d'objectivité est d'ailleurs inculqué progressivement aux opérateurs par le géographe Jean Brunhes. Il s'agit de fonder et d'illustrer le discours politique en formation. Ces films sont Albert_Kahnnotamment utilisés lors des rencontres mondaines avec des personnalités internationales qui se tiennent chez Kahn et en groupe restreint. En effet, Kahn s'est composé une magnifique propriété, reflet de son utopie politique. Sise à Boulogne, elle regroupe une mosaïque de jardins japonais, à la française ou à l'anglaise, qui symbolise autant qu'elle rend possible l'expérimentation du passage harmonieux d'une culture à l'autre.

Evitons cependant toute mystification, car cette ouverture à l'autre s'inscrit tout de même en pleine période coloniale, et revenons au texte d'Alfred Croiset qui reflète également bien cette deuxième influence du temps. A la lecture, s'esquisse l'image d'une France tutélaire, épicentre d'un rayonnement culturel aux illustres fondements. En offrant aux étudiants étrangers de bénéficier des diplômes d'Etat en Lettres, le pays s'assure un contingent d'ambassadeurs de la langue française autour du monde. Le geste répond donc à des besoins politiques immédiats, mais participe également d'une perpétuation de la tradition des humanistes puis des Lumières.  Par l'enseignement, il s'agit, en quelque sorte, de faire accéder les étrangers qui en sont désireux à une certaine "francité". Car c'est peut-être bien le caractère intrinsèquement identitaire de la langue qui justifie l'application plus tardive de cette réforme d'ouverture aux étudiants étrangers au domaine des Lettres qu'à celui des Sciences.

Effectivement, l'excellence revendiquée pour l'enseignement supérieur des Lettres réside dans la diffusion d'un "humanisme littéraire", soit: "une éducation totale de l'individu, qui enrichit ainsi sa propre substance de celle du passé, qui devient, par le savoir, par l'imagination, par sensibilité, le contemporain des âges disparus, et qui prend d'autant plus conscience de sa propre originalité qu'il se rend mieux compte des sources de sa vie intellectuelle et morale; en remontant aux origines, il mesure le chemin parcouru, il se rattache à ses ancêtres et s'en distingue". On mesure toute l'ambiguïté du propos quand il s'applique à des non français...

Ce petit topo historique n'aurait pas grand intérêt si elle ne nous ramenait pas à la situation actuelle dans notre pays qui cristallise la crise du bon vieux modèle français. La République qui vire les sans papiers de ses écoles à grand renfort de charters, les Caraïbes en révolte contre la domination de l'ancêtre gaulois, etc, etc...

26 février 2009

S'amuser avec ses doigts.

Il y a quelques temps déjà, un ami me voyant en manque de sujet pour le blog, m'offrait un "vieux papiers" avec lequel j'avais tout loisir de trouver quoi faire. Un mois plus tard, je constate que la première opération que j'ai fait subir à ce thème est une transformation. Les vieux papiers se sont mués en petits papiers, même si j'ai essayé de me faire violence. Comme quoi, je dois être un peu têtue...et d'une certaine mauvaise foi, car pour me départir de la mauvaise conscience qui me tourmente, je serai capable de disserter pendant des pages sur la capacité des vieux papiers à rapetisser, en conséquence funeste des manipulations successives qu'on leur fait subir. Cependant, dans mon extrême bonté, je vous éviterai ce pensum pour vous présenter quelque chose d'un peu plus "excitant"...

Les Petits papiers, c'est une page internet qui vous permet d'imprimer des nouvelles en un format minuscule et qui vous invite ensuite à concevoir de tout aussi petits opuscules. C'est finalement une adaptation littéraire de Mode et travaux, mais moins stressante quand même puisqu'on peut aussi profiter des textes sans les monter en ouvrages. J'ai personnellement opté pour cette seconde solution, mais rien n'est définitif.

J'ai néanmoins trouvé un intérêt à découvrir des textes courts et de bonne facture. Le format parfait pour s'occuper dix à quinze minutes dans le métro, par exemple. Le Prêtre crucifié est un fabliau anonyme du XIIe siècle qui mérite qu'on s'y attarde un peu. Je n'en dis pas plus et vous laisse  le découvrir par ce lien.

Bonne lecture!

24 février 2009

Marcel Schneider, L'Hôtel du Doyenné:

"L'exemple de Nerval permet de voir, et même de toucher du doigt, ce que c'est de faire de sa vie poésie. Non seulement mener une existence poétique, ce qui est facile quand on possède au fond de soi-même les dispositions requises, mais user de la poésie comme d'un levier pour transformer le monde, pour accorder le domaine de la pensée avec la nécessité de l'action. Nerval nous apprend comment tout métamorphoser en poésie par effort constant de la volonté, par effet vigilant de la lucidité."

23 février 2009

Politique poétique

En un dimanche après-midi qui laisse augurer un printemps imminent, le 21 mars si le calendrier est respecté, je me retrouve au 104, ce nouveau lieu culturel qui a ouvert cet automne dans le 19ème. J'assiste à la fin d'un temps consacré aux Cultures urbaines. Au programme: spectacle vivant, performance graffiti, projections avec débats, slam et inauguration en résidence festive... En effet, Zoxea des Sages po [ètes de la rue]  est installé au 104 pour un moment, il y tiendra un atelier d'écriture.

Je découvre le dernier documentaire de Claude Santiago, un réal' qui est surtout spécialisé dans le domaine musical: The Last Poets / made in Amerikkka. Ces poètes vous les connaissez peut-être car on a coutume de les désigner comme les précurseurs du rap conscient, et non du "rap bling-bling" comme se plaît à le répéter Santiago. Cependant, si vous ne connaissez pas et que le rap n'est pas votre tasse de thé, n'hésitez pas à aller découvrir le mélange jazz-percu qui accompagne les textes.

C'est à la fin des années 1960 (1968 à peu près) que les poets commencent à déclamer ,pour inciter les Noirs américains à résister à la ségrégation, à arborer fièrement leur "sombre" singularité. Sans s'associer aux  organisations telles que les Black panthers ou Nation of Islam, les poets représentent toutefois des porte-paroles de la révolte afro-américaine. Le flow résonne parfois comme le bruit d'une foule manifestante ou comme des rafales de fusils; c'est plus que troublant.
Au fil des années, la formation connaît des fluctuations: les membres vont et viennent, au gré des aléas du quotidien (engueulade épique à coup de baguette chinoise, addiction au crack, prison, etc...). Le film de Santiago est une commande qui vient immortaliser la réunion de toutes les générations du groupe. Cette configuration exceptionnelle est expérimentée sur deux dates: une fois au festival Banlieues bleues, en région parisienne, et l'autre en Suisse. Claude Santiago accompagne le groupe lors des répétitions, les langues se délient et les poets racontent l'histoire de leurs textes sans trop de formalités. Alternent des moments musicaux, sur scène ou en studio, où les textes sont traduits et sous-titrés.
On ne ne peut que saluer cette attention du réalisateur, qui ne se contente pas de profiter de l'aura de ses protagonistes. Car sans texte, plus de poète. Il y a fort à gager que le public francophone, et moi la première, se verrait priver d'une substantifique moëlle sans l'appui de cette aide lexicale. Comme en témoigne Claude Santiago, la mise en scène du texte a été l'objet d'une véritable réflexion. Il ne s'agissait pas de traduire par bonne conscience, mais d'intégrer le spectateur dans une aventure musicale. De fait, le réalisateur a collaboré avec un graphiste afin d'exploiter plusieurs modes de transcription des textes. Sous-titres traditionnels pour les entretiens et certains textes très complexes, cartons colorés avec animation des paroles lorsqu'il souhaite souligner des phrases-choc ["America is a terrorist" par exemple] ou des litanies.
Un documentaire intelligent et instructif, dirai-je donc en conclusion. Si vous voulez voir un extrait cliquez-là. Sinon, tentez de vous brancher sur Trace tv le 29 mars vers 21heures. Ou encore, attendez la sortie DVD. Pour en finir avec cette gazette, je vous signale juste que Claude Santiago poursuivra son expérience avec un film plus historique sur le groupe qui sera réalisé aux Etats-Unis.

                                                         lastpoets 

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