Love etc.

Débutant sur une série de j'aime/j'aime pas, le Fabuleux destin d'Amélie Poulain remit au goût du jour cet exercice tout aussi puéril qu'utile. Il est vrai qu'en vue d'une identification sommaire, le j'aime/j'aime pas s'avère d'une incomparable efficacité. En guise d'exemple, si Monsieur B. aime à la fois les chaussettes synthétiques de chez Tati et les Converses, mais qu'il n'aime pas puer des pieds en rentrant le soir: vous pouvez aisément en déduire que Monsieur B. souffre d'un sérieux trouble bipolaire du j'aime/j'aime pas.

Il semble logiquement évident qu'à grande échelle ce genre d'embarras pourrait devenir problématique. Et c'est certainement pour cette raison qu'au cours des dernières années, le j'aime/j'aime pas a progressivement muté en J'AIME tout court. Mais pas écrit n'importe comment, s'il vous plaît: une J' + une coeur rouge + un quelconque COD [complément d'objet direct pour ceux en qui la grammaire sonne creux]. Avant de poursuivre, signalons que les sceptiques du symbole pourront opter pour la version internationale en anglais.

Pendant longtemps, la vague aimante s'est cantonnée à des noms de villes. Des capitales européennes ou des villes hype, le plus souvent. Aimer Berlin, Londres, New-York ou Miami, occupa stars et touristes pendant un ou plusieurs étés, scellant enfin un sort décent aux tee-shirts Hardrock Café dont on ne savait comment se débarrasser depuis 1988 environ. Les premiers vertiges de l'amour parurent avec Paris. Paris tout devenait ambigu. Paris-ville, Paris-parfum, Paris Hilton...Le porteur du dit-tee-shirt pouvait à chaque instant être l'objet d'une méprise et voir,par exemple, une décérébrée nymphomane fondre sur lui, persuadée de lire sur son tee-shirt comme en son coeur.

Exception faite de ce petit désagrément érotomane, cette étape aurait plutôt contribué à un élargissement des champs du LOVING. Se définir par ce que l'on aime devient monnaie courante. Le même processus est à l'oeuvre sur Facebook quand on devient "FAN DE" Walter Benjamin mais aussi de la Moule-Frites, de l'Aloyau ou des Clash, des TéléTubbies... L'ensemble converge vers une POSITIVE ATTITUDE, qui frôle finalement la vie de Saint-Machin. On aime tout le monde, on arrête la clope, no drug et quelques fois on se met la tête au Red Bull sans vodka.

Je reste abasourdie de tant de platitude. Et pour vous rallier à ma cause, je vous laisserai observer cette image

Interloqué(e)? J'espère! Car il ne faudrait pas pousser non plus, en d'autres termes : exagérer. Sûrement qu'on nous bassine avec le travailler plus pour gagner plus; mais franchement, j'ai testé: ça marche pas trop. Et puis même si ça marchait, il me paraît foncièrement indécent de placarder ainsi son amour du travail. Non que je sois frustrée de mon activité salariée, non que je haïsse les stakhanovistes. Je revendique simplement un respect etymologique, comme on demanderait une minute de silence ou une heure syndicale. Ne lit-on pas dans notre Trésor de la Langue française: "travail, subst. masc. (du b. lat. tripalium, de tri, trois, et , pieu)"?

Pour les incrédules, je me contenterai de tirer du même Trésor la définition du verbe AIMER: " Éprouver, par affinité naturelle ou élective, une forte attirance pour quelqu'un ou quelque chose". Si la contradiction ne vous saute pas aux yeux...

Enfin! Heureusement, dans ce monde rempli d'amours factices, certains n'ont pas perdu le sens de l'humour. Aussi, chez Tati trouvera-t-on un bien beau modèle "I love TATI" à moins de 4€! Un collector, drôle et pas cher. En un mot: le must-have de la fin d'hiver.

Comments

[Bazarboy]

Mais tu sais, on t'aime bien même quand t'es gentille.

[StefanyL]

Cher BazarB,
tout le monde sait que tu es un homme de goût. Sur scène, comme au boulot, tes tenues n'ont d'égales que celles de Joe Strummer lui-même...
PS: je me demande bien ce qui me prend à être gentille...décidémment mon anestie m'a radoucie!

[Bazarboy]

Les tee shirt hard rock café ça a toujours, pour moi, été la loose.
Quand a ceux qui les portaient, je te raconte même pas...............